La saison d’épandages agricoles commence au risque d’aggraver l’épidémie

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En dépit des liens entre pollution de l'air et propagation du virus, aucune mesure n’a été prise en France pour limiter les épandages d’engrais et de pesticides, au grand dam de médecins et chercheurs. Les règles de distanciation minimale entre champs et habitations ont même été assouplies.

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À Listrac-Médoc, les épandages ont commencé jeudi 9 avril au matin. Sur cette commune de 3 000 habitants et 600 hectares de vignobles, à une trentaine de kilomètres de Bordeaux, des tracteurs munis d’une rangée de buses ont parcouru plusieurs parcelles, les pulvérisant de produits de synthèse. Ils recommenceront tous les dix à quinze jours, jusqu’en septembre. Fongicides, insecticides, herbicides : le cocktail administré aux pieds de vignes comprend toutes sortes de produits destinés à tuer les organismes qui pourraient s’attaquer à la plante. Problème : ils s’attaquent aussi aux voies respiratoires des populations locales, en pleine épidémie de coronavirus.


La filière du gaz renouvelable fait face à des vents contraires

Le gouvernement revoit à la baisse son soutien à la filière du biogaz. Sur le terrain, l’opposition des associations aux méthaniseurs grandit.

 

Par Stéphane Mandard, Nabil Wakim et Simon Auffret Publié le 30 janvier 2019 à 11h34

 

 

 

 

Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, devant un méthaniseur de Saint-Lambert-La-Potherie, dans le Maine-et-Loire, le 28 février 2017.
Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, devant un méthaniseur de Saint-Lambert-La-Potherie, dans le Maine-et-Loire, le 28 février 2017. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

 

Le « gaz vert » a-t-il un avenir en France ? Alors que les groupes gaziers, les exploitants agricoles et certains fonds d’investissement misent depuis plusieurs mois sur un fort développement de la méthanisation, les nuages s’accumulent au-dessus de leurs têtes.

 

En présentant, le 25 janvier, la feuille de route énergétique de la France, le gouvernement a douché leurs espoirs, en revoyant à la baisse les objectifs de développement du « gaz vert », issu de déchets agricoles ou ménagers. Selon le do­cument de synthèse de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), le biogaz devrait fournir 7 % de la consommation de gaz en France en 2030. La loi de transition écologique de 2015 fixait 10 % à cette date, et la filière gazière espérait même atteindre 30 %.

 

Pour des raisons de coût, l’exécutif contrarie les espoirs des industriels en matière de subventions.

 

Pourquoi renoncer à de tels objectifs ? Principalement pour des raisons de coût : le gouvernement ne veut pas d’un soutien public trop important au développement de ce secteur. L’exécutif fixe donc des objectifs en forte croissance – le biogaz représente moins de 1 % de la consommation de gaz en France en 2018 –, mais contrarie les espoirs des industriels en matière de subventions.

 

Trajectoire « strictement impossible à tenir »

 

Deux appels d’offres seront certes lancés chaque année, mais le prix d’achat proposé par l’Etat sera très inférieur à celui proposé aujourd’hui. Les entreprises du secteur expliquent depuis plusieurs mois que le développement du gaz renouvelable en France a encore besoin d’un soutien public pour franchir un cap, et in fine faire baisser les prix.

Les associations professionnelles du gaz dénoncent des mesures.


Dans le Lot, les craintes d’« une catastrophe écologique » liée à l’épandage de digestat

Présenté comme un « fertilisant vert » obtenu à partir de déchets agro-industriels, le résidu de la méthanisation, qui contient des métaux lourds, pourrait se révéler à risque en milieu calcaire.

Par Stéphane Mandard Publié le 29 janvier 2019 à 19h27 - Mis à jour le 30 janvier 2019 à 06h35

Temps de Lecture 5 min.

Le méthaniseur de Gramat (Lot), installation classée à risque pour l’environnement, est autorisé à traiter jusqu’à 57 000 tonnes de déchets par an.
Le méthaniseur de Gramat (Lot), installation classée à risque pour l’environnement, est autorisé à traiter jusqu’à 57 000 tonnes de déchets par an. DOCUMENT LE MONDE

 

Son voisin avait eu la délicatesse de le prévenir : « Ne soyez pas surpris si des ouvriers débarquent en scaphandre pour épandre dans mon champ. » Alors, au départ, il ne s’est pas préoccupé de la forte odeur. Jusqu’à ce que ses abeilles meurent par milliers. Il les a photographiées, filmées, pesées : 2 kilos de cadavres. « La ruche la plus populeuse a été quasiment intégralement décimée », confie cet apiculteur, qui préfère garder l’anonymat par peur des représailles. Dans ce coin tranquille du Lot, au cœur du parc naturel des Causses du Quercy, tout le monde se connaît. Et peu se risquent à émettre publiquement des doutes sur le nouvel « or vert » de la région, la méthanisation, et son corollaire, le digestat.

 

A Gramat, 3 500 habitants, un imposant méthaniseur tourne à plein régime depuis un an. Il produit du méthane, transformé en électricité et en chaleur, à partir de la dégradation de divers déchets agro-industriels. Lisiers de canards issus de la grosse coopérative agricole voisine La Quercynoise (5 000 agriculteurs et collaborateurs). Mais aussi des restes d’abattoirs. Mais encore des graisses alimentaires, des rebuts de fabrication de plats préparés…

 

Lire notre reportage : Comment les énergies vertes font leur chemin dans les campagnes françaises

 

D’une capacité initiale de 38 tonnes d’intrants, le « digesteur » de Gramat, installation classée à risque pour l’environnement, est aujourd’hui autorisé à traiter jusqu’à 57 000 tonnes de déchets par an. Le digestat est le résidu du processus de méthanisation. En 2018, le méthaniseur de Gramat a recraché près de 44 000 tonnes de digestat brut liquide. Cette sorte de boue est ensuite épandue sur les parcelles des agriculteurs de la coopérative. 2 000 hectares ont été aspergés en 2018 et 4 500 hectares sont, à terme, concernés.

 

« Vers de terre décomposés »

Détenue à 66 % par Fonroche (premier constructeur de méthaniseurs) et La Quercynoise, Bioquercy, la société qui exploite l’unité de Gramat, présente son digestat, particulièrement riche en azote, comme « un fertilisant vert, peu odorant, en substitution aux