En dépit des liens entre pollution de l'air et propagation du virus, aucune mesure n’a été prise en France pour limiter les épandages d’engrais et de pesticides, au grand dam de médecins et
chercheurs. Les règles de distanciation minimale entre champs et habitations ont même été assouplies.
À Listrac-Médoc, les épandages ont commencé jeudi 9 avril au matin. Sur cette commune de 3 000 habitants et 600 hectares de vignobles, à une trentaine de kilomètres de Bordeaux,
des tracteurs munis d’une rangée de buses ont parcouru plusieurs parcelles, les pulvérisant de produits de synthèse. Ils recommenceront tous les dix à quinze jours, jusqu’en
septembre. Fongicides, insecticides, herbicides : le cocktail administré aux pieds de vignes comprend toutes sortes de produits destinés à tuer les organismes qui pourraient
s’attaquer à la plante. Problème : ils s’attaquent aussi aux voies respiratoires des populations locales, en pleine épidémie de coronavirus.
La filière du gaz renouvelable fait face à des vents contraires
Le gouvernement revoit à la baisse son soutien à la filière du biogaz. Sur le terrain, l’opposition des associations aux méthaniseurs grandit.
Par Stéphane Mandard, Nabil Wakim et Simon AuffretPublié le 30 janvier 2019 à 11h34
Le « gaz vert » a-t-il un avenir en France ? Alors que les groupes gaziers, les exploitants agricoles et certains fonds d’investissement misent depuis plusieurs mois sur un fort
développement de la méthanisation, les nuages s’accumulent au-dessus de leurs têtes.
En présentant, le 25 janvier, la feuille de route énergétique de la France, le gouvernement a douché leurs espoirs, en revoyant à la baisse les objectifs de développement du « gaz
vert », issu de déchets agricoles ou ménagers. Selon le document de synthèse de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), le biogaz devrait fournir 7 % de la consommation de
gaz en France en 2030. La loi de transition écologique de 2015 fixait 10 % à cette date, et la filière gazière espérait même atteindre 30 %.
Pour des raisons de coût, l’exécutif contrarie les espoirs des industriels en matière de subventions.
Pourquoi renoncer à de tels objectifs ? Principalement pour des raisons de coût : le gouvernement ne veut pas d’un soutien public trop important au développement de ce secteur.
L’exécutif fixe donc des objectifs en forte croissance – le biogaz représente moins de 1 % de la consommation de gaz en France en 2018 –, mais contrarie les espoirs des industriels en
matière de subventions.
Trajectoire « strictement impossible à tenir »
Deux appels d’offres seront certes lancés chaque année, mais le prix d’achat proposé par l’Etat sera très inférieur à celui proposé aujourd’hui. Les entreprises du secteur expliquent depuis
plusieurs mois que le développement du gaz renouvelable en France a encore besoin d’un soutien public pour franchir un cap, et in fine faire baisser les prix.
Les associations professionnelles du gaz dénoncent des mesures.
Dans le Lot, les craintes d’« une catastrophe écologique » liée à l’épandage de digestat
Présenté comme un « fertilisant vert » obtenu à partir de déchets agro-industriels, le résidu de la méthanisation, qui contient des métaux lourds, pourrait se révéler à risque
en milieu calcaire.
Par Stéphane MandardPublié le 29 janvier 2019 à 19h27 - Mis à jour le 30 janvier 2019 à 06h35
Temps de Lecture 5 min.
Son voisin avait eu la délicatesse de le prévenir : « Ne soyez pas surpris si des ouvriers débarquent en scaphandre pour épandre dans mon champ. » Alors, au départ, il ne
s’est pas préoccupé de la forte odeur. Jusqu’à ce que ses abeilles meurent par milliers. Il les a photographiées, filmées, pesées : 2 kilos de cadavres. « La ruche la plus
populeuse a été quasiment intégralement décimée », confie cet apiculteur, qui préfère garder l’anonymat par peur des représailles. Dans ce coin tranquille du Lot, au cœur du parc
naturel des Causses du Quercy, tout le monde se connaît. Et peu se risquent à émettre publiquement des doutes sur le nouvel « or vert » de la région, la méthanisation, et son
corollaire, le digestat.
A Gramat, 3 500 habitants, un imposant méthaniseur tourne à plein régime depuis un an. Il produit du méthane, transformé en électricité et en chaleur, à partir de la dégradation de divers
déchets agro-industriels. Lisiers de canards issus de la grosse coopérative agricole voisine La Quercynoise (5 000 agriculteurs et collaborateurs). Mais aussi des restes d’abattoirs. Mais
encore des graisses alimentaires, des rebuts de fabrication de plats préparés…
D’une capacité initiale de 38 tonnes d’intrants, le « digesteur » de Gramat, installation classée à risque pour l’environnement, est aujourd’hui autorisé à traiter jusqu’à 57 000
tonnes de déchets par an. Le digestat est le résidu du processus de méthanisation. En 2018, le méthaniseur de Gramat a recraché près de 44 000 tonnes de digestat brut liquide. Cette
sorte de boue est ensuite épandue sur les parcelles des agriculteurs de la coopérative. 2 000 hectares ont été aspergés en 2018 et 4 500 hectares sont, à terme, concernés.
« Vers de terre décomposés »
Détenue à 66 % par Fonroche (premier constructeur de méthaniseurs) et La Quercynoise, Bioquercy, la société qui exploite l’unité de Gramat, présente son digestat, particulièrement riche en
azote, comme « un fertilisant vert, peu odorant, en substitution aux