Les manifestants au rendez-vous pour le congrès des maires ce matin

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Les opposants à la méthanisation étaient plusieurs dizaines ce matin, regroupés devant la salle où se déroule le congrès des maires du Lot, présidé par Jean-Marc Vayssouze, président de l'AMF 46, à Lacapelle-Marival. Il y avait également des défenseurs du train et des gares.

Arrivés tôt, citoyens et syndicalistes ont tracté, mais aussi copieusement sifflé le préfet et les maires arrivant sur place, vers 9 heures.

 

L'arrivée de Jean-Marc Vayssouze.
L'arrivée de Jean-Marc Vayssouze. - Photo DDM J-C. B.

Lors de cette matinée de travail, il sera notamment question de la place des communes au sein des intercommunalités. Des experts et intervenants animeront ces échanges, au cours de tables-rondes. Ces travaux seront suivis vers 13 heures d'un cocktail et d'un buffet.

LAëTITIA BERTONI

https://actu.fr/...methaniseurs-poulailler-porcherie...




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La vie Quercynoise (volet 1)

Enjeux pour la santé publique (1er volet).

 

La communauté scientifique s’élève contre les projets de méthanisation dans le Lot

Guy Astruc, géologue, Michel Bakalowicz, hydrogéologue du karst, Lydia et Claude Bourguignon ingénieurs agronomes et Pierre Rabhi, l’un des pionniers de l’agriculture écologique en France, tirent la sonnette d’alarme quant aux projets de méthanisation.

 

Depuis plusieurs mois, la question de l’épandage du digestat brut issu du procédé de la méthanisation fait débat dans le département. Le méthaniseur installé à Gramat, le plus important de la région, sème le trouble, d’autant que la communauté scientifique, dans son ensemble ne valide pas la démarche. Le procédé de la méthanisation tel qu’il se met en place aujourd'hui dans le Lot, avec épandage du digestat sur les sols karstiques, présente un risque important pour l’environnement, aux yeux de la communauté scientifique, dont les conséquences « risquent d’être très longtemps supérieures aux bénéfices que les promoteurs du projet espèrent en retirer ».

 

Plusieurs scientifiques, dont nous rapportons les prises de position ci-après, se demandent en substance, si nous n’assistons pas au prélude d’une catastrophe en matière de santé publique, face aux risques qualifiés de « réels » d’apparitions de clostridies et autres gènes dans l’eau potable. À maintes reprises géologues, hydrologues… ont dénoncé les approximations, consignées dans les dossiers ayant emporté autorisation pour mener à bien la méthanisation dans le Lot. Plusieurs associations, telles France Nature et Environnement, la Confédération Paysanne Lot, le GADEL (Groupement Associatif De Défense de l’Environnement du Lot), demandent la cessation urgente des travaux relatifs à la réalisation des stockages délocalisés sur les communes de Lacapelle-Marival, Durbans, Fontanes, Montvalent, en raison des risques d’effondrements des cavités souterraines naturelles et de pollution des eaux destinées à la consommation, faute d’études d’impact sur ces sites.

Se succèdent pour exprimer leurs craintes, voire leur vive opposition Guy Astruc, géologue, Michel Bakalowicz, hydrogéologue du karst, Lydia et Claude Bourguignon ingénieurs agronomes et Pierre Rabhi, l’un des pionniers de l’agriculture écologique en France.

 

Une inquiétude justifiée

 

« L’épandage de digestat brut et de lisier sur le causse de Gramat préoccupe actuellement la plupart des Lotois. Cette inquiétude est parfaitement justifiée par la nature des terrains constituant l’armature de nos causses » déclare Guy Astruc, géologue, auteur de la plupart des cartes géologiques des causses du Quercy. Son jugement est sévère au regard de l’oeuvre entreprise. Il poursuit : « Les technocrates qui ont projeté cette zone de stockage et d’épandage n’ont absolument pas tenu compte suffisamment des contraintes géologiques en présence et de l’importance des réservoirs aquifères ». Explication de Guy Astruc : il existe des niveaux argileux et argilo-sableux dispersés à la surface du causse, mais l’épaisseur de ces niveaux est toujours insuffisante et n’assure aucune protection pour les eaux souterraines. De plus, les calcaires sont trop fracturés pour garantir la sécurité d’une zone d’épandage. Rappelons que les causses du Quercy constituent une Importante réserve d’eau souterraine qui alimente la plupart des communes du département.

 

Une menace directe pour l’eau potable

Au nombre des quelques spécialistes des eaux souterraines dans les formations calcaires, dénommées « karst », Michel Bakalowicz a animé l’équipe de recherches appliquées sur karst du Bureau de recherches géologiques et minières (1). Il a par ailleurs piloté le groupe de travail sur le karst de l’Agence de l’Eau Rhône – Méditerranée – Corse, qui a édité un guide technique servant de référence (Connaissance et gestion des ressources en eaux souterraines dans les régions karstiques, juin 1999). Il s’en suivit la rédaction de plusieurs documents de référence afin de proposer les règles d’étude, de gestion et de protection des régions karstiques les mieux adaptées aux conditions très particulières de circulation de l’eau en surface et sous terre. S’agissant du Lot, on ne peut que déplorer que lesdits documents aient été ignorés.

 

 « Alors qu’il est établi que le milieu karstique est soumis d’une part à une infiltration rapide entre sa surface et sa zone phréatique où s’accumule l’eau souterraine exploitable, d’autre part à l’intérieur même de cette zone phréatique où des conduits favorisent des écoulements rapides vers les sources. Dans ces conditions, les épandages envisagés de lisier et surtout de digestats à la surface du karst risquent de transiter très rapidement jusqu’aux sources, au moins pour une partie, sans être fixés par les sols et les plantes et sans qu’intervienne la moindre épuration. De plus, l’épandage de digestats annoncé avec un rapport C/N (2) inférieur ou égal à 5 est en contradiction complète avec les préconisations du Guide d’épandage des effluents en milieux karstiques » indique Michel Bakalowicz. Ainsi, souligne le scientifique, ce type d’épandage retenu dans le Lot, doit être prévu dans le cadre d’un plan d’épandage s’appuyant sur un document cartographique définissant les zones favorables.

 Dans les faits, il apparaît donc que ceci ne peut être possible pour les sols superficiels à très superficiels (moins de 35 cm d’épaisseur), ce qui est le cas le plus fréquent sur les plateaux calcaires du type du causse de Gramat. Michel Bakalowicz s’inquiète de constater qu’aucun plan d’épandage s’appuyant sur une méthode d’étude adaptée au karst ne soit présentée dans le projet de Gramat. De ce fait, insiste- t-il : « Le projet de méthanisation de Gramat menace directement la qualité des eaux souterraines dont une partie est captée pour l’alimentation en eau potable des populations. » Et il enfonce le clou : « Je m’étonne qu’aucun avis du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN Occitanie) ne soit donné sur ce sujet d’importance. » Le CSRPN n’aurait-il peut-être pu être saisi par la DREAL, à la demande du Préfet, soit par la direction du Parc Naturel Régional des Causses du Quercy ? Il en est de même du Comité Scientifique du PNCRQ (où siège M.Tarrisse) qui n’a pas été consulté pour ce projet situé au coeur du Parc, alors qu’il faisait partie du comité de pilotage et de suivi créé, dès 2012 par le sous-préfet de Gourdon.

 

Trop de risques

 

Le projet de stockage apparaît également comme une menace pour le milieu karstique. La stabilité des sites de stockage est mise en question, d’une part à cause des structures qui peuvent représenter jusqu’à 6500 tonnes sur des zones fracturées, sans étude d’impact et d’autre part à cause du danger lié à l’imperméabilisation créée par l’ensemble, structure de stockage et aire de circulation alentour. Michel Bakalowicz cite à ce sujet le phénomène des sinkhole (répandu aux USA) ; des effondrements associés aux eaux d’infiltration dans ou à proximité de dépressions karstiques fermées (dolines). Conclusion de Michel Bakalowicz : « Le projet de Gramat présente selon moi, trop de risques non pris en compte pour l’environnement fragile du causse et pour les populations qui ont un besoin vital des eaux souterraines qui en sont issues ». En l’absence d’étude d’impact, un risque majeur existe ! L’État est pris à témoin de la situation d’autant que sa responsabilité ne manquerait pas d’être engagée, au regard des autorisations accordées.

 

JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE

Prochain volet : les risques du point de vue médical.

 

(1)   Le BRGM est l’établissement public de référence dans les applications des sciences de la Terre pour gérer les ressources et les risques du sol et du sous-sol.

(2)   (2) Le rapport C/N (rapport carbone / azote organique) ou rapport carbone sur azote est un indicateur qui permet de juger du degré d’évolution de la matière organique, c’està- dire de son aptitude à se décomposer plus ou moins rapidement dans le sol : les micro-organismes du sol (microfaune) ont un rapport C/N moyen de 8.

 

 

→Lydia et Claude Bourguignon : « un risque majeur pour la santé publique »

 « La fermentation en anaérobiose des lisiers ou des fumiers animaux dans des méthaniseurs, pour faire du méthane, à deux conséquences graves pour l’environnement : - les fermentations anaérobiques sont faites par des germes dont certains sont pathogènes (clostridium, bactéries butyriques, salmonelles…). Épandus sur les sols, ces digestats tuent la faune du sol. - la méthanisation extrait du carbone des fumiers ou des lisiers pour faire du méthane (CH4), or les fumiers et les lisiers sont déjà trop riches en azote et trop pauvres en carbone (C/N bas) pour faire de l’humus et pour ne pas polluer. Avec les digestats, la situation est empirée puisque l’on obtient un produit avec un C/N encore plus bas et donc une minéralisation accrue ce qui augmente la pollution. En situation karstique comme le Lot, les digestats présentent un risque de santé publique. L’élevage industriel a détruit l’environnement de nombreuses régions européennes (Bretagne, Pays-Bas, Danemark, Galicie…). Avec la méthanisation, d’autres régions vont se retrouver aussi polluées que la Bretagne.

 

 

 

 Pierre Rabhi : « Non à ce projet dévastateur » « La dangerosité de ce projet de stockage et d’épandage de lisier et de digestat sur le causse de Gramat est confirmée par plusieurs scientifiques et experts indépendants. C’est pourquoi j’apporte tout mon soutien aux citoyens qui se mobilisent contre ce projet dévastateur pour défendre leur territoire, ses ressources et le préserver d’une pollution inacceptable

Source : Article LA VIE QUERCYNOISE  http://www.vivreaupays.pro


Méthanisation : les scientifiques ont la parole. Après la Bretagne polluée par le lisier, attention pour le Lot avec le digestat*

Michel Kaemmerer, Docteur d'État en sciences du sol et professeur à l'École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse, répond à nos questions au sujet de la méthanisation avec épandage de digestat sur les terres agricoles du causse...

 

Michel Kaemmerer, Docteur d’État en sciences du sol.

Quelle autorité reconnaît-on aux scientifiques, par rapport à la question majeure, s’il en est, de la préservation de la ressource en eau potable ? Michel Kaemmerer a fait maintes fois le constat suivant. Il déclare : « Nous, membres de la communauté scientifique, sommes considérés par les politiques, comme de doux rêveurs, des penseurs qui ne feraient que chercher ; la prise de décision revenant à l’administration, aux élus ou aux industriels ». Alors que les accidents sanitaires ont fortement ébranlé l’opinion publique ces dernières années, comment comprendre que les recommandations des scientifiques restent lettre morte et que le principe de précaution ne s’applique que de manière aléatoire ? Peut-on se priver des recommandations des scientifiques ?

Le projet d’installation d’une unité de méthanisation, déjà avancé, à Gramat, fait débat, notamment sur le volet de l’épandage du digestat. Quel est votre sentiment sur le fait qu’il n’y ait pas eu une étude approfondie des sols ?

Nous nous retrouvons face à une méconnaissance des sols, liée au fait que la science des sols a été abandonnée en France et en Europe depuis déjà belle lurette. Les grands professeurs qui ont eu leurs heures de gloire tels Philippe Duchaufour, Stéphane Hénin, Jean-Claude Revel, n’ont guère de successeurs. Ainsi est oublié le sol peu à peu. Ce qui est une grave erreur, puisque le sol nous fait vivre.

Le sol ne serait donc pas pris en compte au niveau qu’il mérite, selon vous ?

Le sol est mal traité, mal géré, il se dégrade. Oui les sols ont besoin de matière organique, mais lesquelles ? Et comment les gérer ? À ces questions, les industriels se limitent à répondre à des décrets européens, à des lois françaises. Ils se campent là-dessus. Pour autant, un sol ne saurait se limiter au cadre d’une loi ou d’un décret. Un sol doit être étudié de longue date, d’autant que le climat évolue. Et d’une année à l’autre, la réponse du sol sera différente. S’il n’y a pas d’études à long terme, on s’exposera à de sérieux problèmes. Il suffit de voir ce qui se passe en Bretagne aujourd’hui, après des épandages de lisier à tout va, durant plusieurs décennies. Toute la région est polluée avec la prolifération maintenant d’algues vertes sur les plages. Face à l’intérêt économique que représente l’élevage des porcs, les scientifiques ont dû baisser les bras. Et tant pis pour les risques de pollution. Tout est là ! Qui était prêt à se conformer aux recommandations des scientifiques ?

Quel regard portez-vous sur le projet en cours d’installation d’une unité de méthanisation à Gramat ?

Encore une fois, il faudrait savoir où l’on va avant de s’engager. À Toulouse, au laboratoire EcoLab (laboratoire CNRS), les chercheurs écologues, agronomes, savent que lorsqu’on a affaire à des zones karstiques il faut prendre énormément de précautions. En ce moment, nous travaillons avec Cuba, pour essayer de voir comment circulent les eaux. Ce n’est pas facile à comprendre. Les karts sont des réseaux extrêmement complexes à explorer qui demandent du temps. Raison de plus pour prendre des précautions, avant toute intervention extérieure sur ces sols.

Que vous inspire le plan d’épandage lié à l’unité de méthanisation de Gramat ?

Pour ma part, je dis non à l’épandage et même au compost, sur les zones karstiques. Nous sommes en présence de zones à pH alcalin. La matière organique dissoute est beaucoup plus importante dans les eaux de ces régions qu’ailleurs. Et cette matière organique dissoute pose de gros problèmes pour les traiteurs d’eau potable. Lorsqu’on verse du chlore, on crée des molécules cancérigènes. Il faut donc redoubler de vigilance. Et même pour le compost, je dis qu’il faut se méfier. Depuis trente ans, je travaille sur le compostage, je suis très favorable au compost, mais il y a des régions où encore une fois, il faut se méfier. Il ne s’agit pas de s’engager les yeux fermés en pensant qu’il suffit de répondre aux lois, décrets et arrêtés, en se disant je respecte les textes, donc je ne pollue pas. Ce n’est pas vrai. Entre les textes et la réalité, il y a cette part de risque, qu’il ne faut pas prendre à l’aveuglette.

Comment expliquez-vous que le principe de précaution ne soit pas appliqué en pareil cas de figure ?

Le principe de précaution est toujours un problème économique ; il va à l’encontre de l’intérêt économique du moment. Tout au moins. Ce que l’on oublie de dire c’est que lorsqu’on se retrouve face à un sol pollué, mener à bien une action de dépollution coûte beaucoup plus cher que ce que l’on avait investi au départ.

Oui, mais l’usine est déjà en cours d’installation, on ne peut plus revenir en arrière…

Ce raisonnement est faux. Quand on sait l’impact qu’une pollution occasionne sur l’environnement et le coût que représente une décontamination, ceci n’a rien à voir. Ne venons pas dire que l’on ne pourrait pas arrêter ce qui a été engagé. Ceci est totalement faux. Tant qu’on n’a pas l’assurance qu’il n’y a pas d’impact sur l’environnement, et seules les universités et les laboratoires peuvent le dire, il est à mes yeux urgent d’attendre. Ces études peuvent prendre trois, voire quatre, cinq ans, car une année, on va avoir un climat excessivement humide avec beaucoup d’infiltrations d’eau générant des déplacements de matière organique importants, alors que l’année suivante on pourra se retrouver sur une période de sécheresse avec très peu de mouvements d’eaux… Donc, si on fait des analyses sur les eaux à ce moment-là, on ne verra rien et ainsi le résultat des études ne sera pas significatif. Nous savons que statistiquement parlant, une étude de terrain doit s’étaler sur cinq ans minimum.

Quel conseil donnez-vous s’agissant de l’épandage du digestat ?

Il y a urgence à contacter de grands laboratoires toulousains ou autres (CNRS et universitaires) qui s’intéressent à la problématique des impacts environnementaux. À EcoLab Toulouse, par exemple, des collègues disposent de modèles numériques pour simuler des déplacements de contamination à l’échelle de bassins-versants. Ils sont très prudents lorsqu’il s’agit de zones karstiques. Ces chercheurs sont connus mondialement et donnent des conférences et des formations dans le monde entier. Des études d’impact ne peuvent se réaliser du jour au lendemain. Il faut être clair ! Les scientifiques sont prêts à intervenir, mais faudrait-il encore les solliciter !

Entretien réalisé par JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE

(*) Le digestat (ou digesta) (à ne pas confondre avec le compost) est le produit résidu de la méthanisation, composé de matière organique non biodégradable (ligninge), des matières minérales (azote, phosphore) et de l’eau. Il s’agit d’un résidu solide ou liquide pâteux. Ce digestat est stocké dans des fosses ou des dalles en béton avant de faire l’objet d’un épandage sur des terres agricoles.

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Un employé de 35 ans en urgence absolue après un accident du travail

  • Bioquercy est une entreprise de méthanisation.
Bioquercy est une entreprise de méthanisation. Photo Bioquercy
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Un homme de 35 ans a été très grièvement blessé au cours d'un accident du travail  survenu ce jeudi après-midi vers 16 heures, dans l'entreprise de méthanisation Bioquercy à Gramat, dans le Lot. L'employé, qui aurait été peut-être victime d'un malaise, a chuté dans une trémie reliée à une vis sans fin. Ses collègues de travail  ont eu le réflexe d'intervenir aussitôt, en le dégageant de la machine et alors qu'il était en arrêt cardiaque, en lui prodiguant les gestes de premiers secours. 

En attendant l'arrivée des pompiers de Gramat et du Samu 46, grâce à l'action des employés de l'usine, le trentenaire était ranimé, les sauveteurs ont pu médicaliser la victime. Le blessé, qui souffrirait d'un grave traumatisme crânien et de lésions au niveau du dos, a été transporté en urgence absolue sur le CHU Purpan de Toulouse.

Une évacuation en ambulance, le véhicule de secours étant escorté pendant tout le  trajet jusqu'à Toulouse par les motards de la gendarmerie puis la police.


Invités du Grand Figeac. Claude et Lydia Bourguignon battent en brèche la méthanisation…

« Prendre soin de la terre et nourrir les hommes », tel était l'intitulé de la conférence donnée à l'invitation du Grand Figeac, par Claude et Lydia Bourguignon.

Claude et Lydia Bourguignon lors de la soirée du 7 septembre dans le Figeacois.

« Prendre soin de la terre et nourrir les hommes », tel était l’intitulé de la conférence donnée à l’invitation du Grand Figeac (*), par Claude et Lydia Bourguignon, ingénieurs agronomes, fondateurs du Laboratoire d’analyse de sol.

 

Dans ses mots de bienvenue, Vincent Labarthe, président du Grand Figeac, a salué les deux conférenciers, dont les propos arrivent à point nommé sur ce territoire où l’agriculture conserve une place prépondérante, aux côtés de l’aéronautique, l’autre pan du moteur de l’économie locale.

 

Vincent Labarthe met l’accent sur le Plan Climat Air Énergie Territorial du Grand-Figeac et tous les efforts engagés par la collectivité dans le cadre du projet de territoire à énergie positive, d’ici 2050. Une thématique d’autant plus importante que l’instance communautaire s’est doté depuis plus de deux ans d’une commission « Agriculture » qui s’attache à s’occuper de son devenir.

 

Plus de 50 % des emplois agricoles ont été perdus en vingt ans !

 

Plaidoyer pour le respect de la nature

 

« Nos anciens étaient plus respectueux que nous de la vocation du sol, car c’est lui qui conditionne quel type de production est le plus adéquat, alors que l’on laisse croire que l’on peut tout faire ! » déclarent les deux conférenciers en débutant leur intervention.

Depuis près de 30 ans, Claude et Lydia Bourguignon, ingénieurs agronomes, anciens de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) sillonnent la planète, souvent appelés à la rescousse pour revitaliser des terres appauvries pour toutes sortes de raisons : pollutions, modes de cultures…

Une méconnaissance dommageable des sols

Ils enfoncent le clou : « La méconnaissance des sols et de leur fonctionnement fait qu’on se laisse embarquer dans toutes sortes d’interventions dont certaines s’avèrent particulièrement néfastes à moyen ou long terme ».

Ainsi le Lot n’a pas échappé aux conséquences des pratiques des dernières décennies et ses sols agricoles se sont beaucoup appauvris, notamment en raison de labours inadaptés et du recours aux pesticides.

Tout au contraire, l’agriculture durable s’inspire du milieu sauvage et forestier, avec la production d’humus qui se réalise en surface. Les deux intervenants ont longuement expliqué le fonctionnement des sols avec toute la vie, insoupçonnée pour le néophyte, qui se joue sous nos pieds. Les vers de terre sont très sensibles aux pesticides et à partir de l’utilisation de ces derniers, a débuté la dégradation des sols avec par endroits de lourdes conséquences, sur les nappes phréatiques, en plusieurs régions de France…

Le volume de la perte annuelle des terres agricoles est devenu inquiétant, alors que le bétonnage de terres arables continue de plus belle, y compris dans le Lot.

Réparer les dégâts occasionnés

« Nous avons également beaucoup perdu en biodiversité ! » affirment-ils. Le nombre des variétés de légumes, par exemple, n’a cessé de se réduire ces dernières années, en même temps que la qualité des productions agricoles non bio s’est fortement dépréciée.

L’augmentation des rendements a généré une baisse sensible de la qualité des productions. Nos sols manquent de matière organique, que seule une agriculture durable peut garantir. Au programme des préconisations présentées par Claude et Lydia Bourguignon : la réparation des sols détruits, la plantation de haies, le recours aux semis directs, l’agroforesterie, le bois raméal fragmenté, la permaculture…

« L’élevage industriel représente une catastrophe pour la planète ! » lâchent-ils au détour d’une démonstration des effets mesurés, en condamnant sévèrement l’agriculture intensive.

À peine eurent-ils terminé leur exposé sous un tonnerre d’applaudissements, que les questions fusèrent de toutes parts, dont celle très attendue concernant la méthanisation dans le Lot.

JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE

 

(*) Celle-ci s’est tenue le vendredi 7 septembre 2018, en présence de 230 personnes, au Cinéma Atmosphère à Capdenac-Gare.

Une autre forme de catastrophe…
« Le procédé de méthanisation retenu dans le Lot représente une autre forme de catastrophe pour les sols, dont on va se rendre compte dans les prochaines années » indiquent Claude et Lydia Bourguignon. On ramène trop d’azote dans les sols et en même temps on augmente la perte de matière organique. « On ne se projette pas suffisamment sur les conséquences de nos actes, dans le futur ! » assènent-ils. Les précisions sont sans appel : « Avec l’utilisation du digestat, on détruit la faune et les microbes des sous-sols ». Autre inquiétude exprimée par Claude et Lydia Bourguignon : « Quant aux déchets d’abattoir incorporés dans le processus de méthanisation, ils ne sont pas portés à une température suffisamment élevée pour pouvoir dire qu’ils sont sans danger, qu’ils sont exempts de pathogènes, pour les eaux souterraines et au final pour notre santé ! »
Conclusion des deux intervenants : « La méthanisation, telle qu’elle est pratiquée dans le Lot n’est pas une bonne idée ! »