La METHANISATION · 20. octobre 2018

La Méthanisation par Michel Kaemmerer


Lot-et-Garonne : le feu de silo méthaniseur tourne au casse-tête, des experts attendus

 

A La Une Lot-Et-Garonne Agen

Publié le . Mis à jour par Sudouest.fr.

Les pompiers sont toujours sur place pour surveiller le site.

Thierry Suire

A la frontière du Lot-et-Garonne et la Dordogne, le sinistre dure depuis 48 heures et ne peut pas être éteint en raison de la biomasse contenue dans le silo. Des experts sont dépêchés cet après-midi.

48 heures que ça brûle. Ou du moins que ça couve, et personne ne sait, pour l’heure, quand et comment éteindre cet incendie qui s’est déclaré lundi, dans un silo situé à Sauveterre-la-Lémance (47), aux confins du Lot-et-Garonne et de la Dordogne. 

Placé sur le site industriel de l’usine Les Chaux du Périgord, le silo contient 1 000 mètres cubes de biomasse (déchets verts ou bois) utilisés pour de la méthanisation

Et c’est bien ce mélange explosif – à plus d’un titre – qui rend l’intervention des sapeurs-pompiers périlleuse. Les secours ne peuvent inonder l’intérieur du silo sous peine de fragiliser la structure, ni le vidanger. Ils ont mis en place une surveillance nocturne à la recherche de dégagements de chaleur ou de monoxyde de carbone

Experts au chevet

La RD 710, qui longe l’usine, restait coupée à la circulation ce mercredi matin en raison du périmètre de sécurité de 200 mètres mis en place.

La situation pourra se décanter ce mercredi après-midi. Un conseiller technique national des feux de silo venant de Reims est attendu sur place ainsi qu’un expert sur les structures métalliques industrielles.

 


Voici le premier bilan mondial des émissions de méthane

Les teneurs en méthane dans l’atmosphère augmentent de plus en plus vite depuis 2007. C’est la principale information du premier bilan mondial des émissions de méthane qui vient d’être établi par des chercheurs français.

Forage de gaz de schiste

Puits de gaz de schiste dans le Colorado.

Anarkado

ÉTAT DES LIEUX. C'est un paradoxe qui s'efface. Alors que le méthane –deuxième gaz à effet de serre derrière le CO2 mais 28 fois plus puissant– est mesuré en permanence depuis 2003 grâce à un satellite dédié, aucun bilan mondial n'avait jusqu'ici été établi, au contraire du dioxyde de carbone. L'oubli est réparé avec la parution ce jour dans Earth Science System Data et Environmental Research Letters d'une étude pilotée par le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE, CEA/CNRS). " Cet état des lieux est cependant plus difficile à établir que pour le CO2, pondère Philippe Bousquet, principal auteur de l'article. Les sources d'émissions sont plus nombreuses, plus diffuses et mêlent origines humaines et naturelles ".

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Au rang des émissions anthropiques, figurent les fuites tout au long de l’extraction, de la distribution et de la consommation du gaz naturel, les relargages provenant des mines de charbon (le fameux grisou), les rejets de l’agriculture (épandages d’engrais chimiques) et de l’élevage (rôts et pets des bovins notamment), et les feux de forêts. Les émissions naturelles proviennent des zones humides (fermentation de la matière organique), des lacs, du travail des termites et de la fonte du permafrost (en partie provoqué par le réchauffement climatique d’origine anthropique). Globalement, 60% des émissions proviennent de l’activité humaine, 40% de sources naturelles. Au total, 558 millions de tonnes de méthane partent dans l’atmosphère tous les ans. 515 millions de tonnes sont transformées par des réactions chimiques dans l’atmosphère et 33 millions de tonnes sont absorbées par les sols. Tous les ans donc, 10 millions de tonnes viennent s’ajouter au stock déjà présent dans l’atmosphère.

Des concentrations qui ont plus que doublé depuis 1750

SCÉNARIOS. Depuis le début de l’ère industrielle, les concentrations ont plus que doublé, passant de 730 parties par milliard (ppb, nombre de molécules par m3 d’air) en 1750 à 1835 ppb en 2015. « Les mesures montrent une hausse des teneurs de ce gaz qui ne correspond à aucun des quatre scénarios retenus par le GIEC, poursuit Philippe Bousquet. La tendance se situe entre le scénario le pire nous amenant à une hausse des températures supérieure à 5°C à la fin du siècle et un scénario intermédiaire à 3°C » Le GIEC ne pourra donc rester sur ces scénarios et devra effectuer une révision dès son prochain rapport prévu en 2021.

D’autant que, après avoir connu une stabilisation entre 2000 et 2006, les teneurs sont reparties fortement à la hausse depuis 2007. Comment l’expliquer ? L’origine très régionale ne facilite pas la tâche. Les émissions naturelles proviennent en effet principalement d’Amérique du sud, d’Asie du sud-est et de Chine où les zones humides sont très étendues. Avec les émissions anthropiques ces trois grandes régions représentent la moitié des rejets. En revanche, les émissions liées à l’exploitation de l’énergie fossile proviennent principalement de la Chine, de la Russie, de l’Eurasie centrale et des USA. « Il est donc aujourd’hui très difficile d’attribuer cette hausse à l’une ou l’autre de ces sources, doute Philippe Bousquet. Même si l’élevage est fortement soupçonné ». En revanche, il ne semble pas que la très forte hausse de la production de gaz et de pétrole de schiste soit responsable de cette accélération. «Les données pour les Etats-Unis ne montrent aucune évolution sur ces dix dernières années », affirme le chercheur.

RÉCHAUFFEMENT. L’étude plaide en tout cas pour une action rapide contre ce gaz à effet de serre. Sur 100 ans, le méthane a un pouvoir de réchauffement 28 fois plus important que le CO2 mais sa durée de vie dans l’atmosphère n’est que de dix ans. Lutter contre ces émissions permettrait ainsi d’avoir des résultats très rapidement. L’action principale consiste à traquer les fuites de gaz sur tout le système de distribution et de commercialisation du gaz naturel, du puits au consommateur. L’autre levier, c’est la diminution des cheptels. Mais cela signifie une baisse de la consommation de viande par les hommes, ce qui va demander beaucoup plus de temps. Le bilan mondial du méthane devrait être désormais publié tous les deux ans. La mise en service du satellite européen MERLIN en 2021 va par ailleurs permettre d’affiner les mesures de ce gaz présent partout sur la planète.


Incendie d’une unité de méthanisation sur un site de valorisation de déchets Accidents

 

N° 42076 -  22/04/2012 -  FRANCE - 76 - FRESNOY-FOLNY

 

E38.21 - Traitement et élimination des déchets non dangereux

 

Un feu se déclare à 11h45 sur le sécheur à tapis de boues de digestat d’une unité de méthanisation de 800 m² sur un site de valorisation de déchets organiques (fermentescibles ménagers, déchets verts, boues de STEP et sous-produits agricoles). L’alerte est donnée à 11h30 par des automobilistes circulant à proximité du site. Les flammes se propagent à 2 cuves de 8 et 4 m³ d’acide sulfurique à 95% (H2SO4) qui se déversent dans leur rétention, puis au bâtiment adjacent de 1 000 m² accueillant le biofiltre. Les pompiers, intervenant avec 55 hommes et 3 engins, ne relèvent pas de pollution atmosphérique et éteignent l’incendie en 1 h avec 5 lances à eau. Le service de l’électricité coupe l’alimentation du site dès le début de l’intervention et l’unité de cogénération alimentée par le biogaz est arrêtée. Une partie des eaux d’extinction se mélange avec de l’acide autour des bâtiments sinistrés, mais le reste est récupéré dans le bassin d’extinction de 5 000 m³ et réutilisé par les secours malgré l’acidité du mélange (pH = 1). L’exploitant pompe ces effluents puis les neutralise avec de la craie. En raison des risques d’infiltration des eaux d’extinction dans les sols autour des bâtiments et malgré leurs couvertures argileuses, l’Agence Régionale de Santé (ARS) demande aux exploitants de captage d’eau de renforcer leurs contrôles de qualité de l’eau.

 

La membrane de la cuve de maturation de 1 300 m³, à proximité du bâtiment biofiltre, est percée et du biogaz s’échappe à l’air libre : faute d’alimentation électrique, celui-ci ne peut plus être pompé pour être valorisé ou brûlé à la torchère. Au cours de l’intervention, un pompier est légèrement blessé par des projections d’acide. Le bâtiment de méthanisation est détruit sur 500 m². Le maire, la gendarmerie et l’inspection des installations classées se rendent sur place. Des mesures de toxicité dans l’air faites sous le vent par une cellule risque technologique (CRT) ne relèvent pas de danger. Aucune mesure de chômage technique n’est envisagée pour les 30 employés car seule l’activité de fabrication d’engrais azotés est arrêtée pour plusieurs mois.

 

Des travaux de maintenance ont eu lieu la veille jusqu’à 19h30. Une ronde de surveillance le matin de l’accident n’a relevé aucun dysfonctionnement. L’inspection demande l’évacuation des déchets (eaux d’extinction et boues de craie et d’acide) vers des filières spécialisées, la vidange progressive de la cuve de maturation produisant le biogaz, l’élimination de son digestat et une surveillance des nappes phréatiques autour du site au moyen des piézomètres existants. Plusieurs départs de feu sur les installations de stockage du biogaz se sont produits pendant les 10 jours précédents l’accident et le procédé de méthanisation souffre régulièrement de dysfonctionnement depuis son démarrage 16 mois avant.